Le colonel Louis
Blésy-Granville est mort
Le colonel Louis Blésy-Granville est décédé
dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 93
ans. Ancien des Brigades internationales, Compagnon de la
Libération, cet homme de fidélité, de convictions
et de courage disparaît moins de deux ans après son
compagnon d'arme, le colonel Henri Rol-Tanguy.
Louis Blésy était de ceux qui se levèrent
« avant l'aube » pour combattre en Espagne le
putsch mené par Franco avec le soutien d'Hitler
et de Mussolini. Il en gardera à jamais le sens de l'engagement
antifasciste.
Après
l'épopée d'Espagne, de retour en France, il est
mobilisé au 6ème RTM en
septembre 1939 et fait prisonnier à Lille le 25 mai 1940.
Après deux tentatives, il réussit à
s'évader d'Allemagne le 19 février 1941. Il parcourt
à pied 280 kilomètres en territoire allemand et, via la
Hollande et la Belgique, arrive à Paris onze jours plus tard.
Il rejoint son épouse Françoise qui, déjà
poursuivie par la police de Vichy, est cachée en Gironde. Avec
elle, il passe en zone libre entre Langon et La Réole.
Démobilisé à Montpellier, Louis Blésy
trouve, en mars 1941, le contact avec la
Résistance à Béziers. Il crée un
premier groupe de Résistance autonome chargé du sabotage
dans les usines et les gares.
En janvier 1942, il entre au mouvement Front National - qui n'a
strictement rien de commun avec le FN d'aujourd'hui - dont il devient
le responsable pour l'Hérault à la mi-1942 et pour
l'Aude, le Tarn, l'Aveyron et l'Hérault fin 1942, y organisant
les premiers maquis. Affecté début 1943 aux Franc-Tireurs et Partisans Français
(FTPF), l'organisation militaire du parti communiste français,
il est choisi pour prendre la direction des FTPF de l'Aude, du Tarn, de
l'Aveyron et de l'Hérault. Au début de 1944, l'Etat-major
zone sud des FTPF lui donne le commandement militaire de la
région de Provence. A la tête de
ces six départements, Louis Blésy organise de nouvelles
opérations de sabotage de grande envergure : attaque de convois
à Aix, à Perthuis, à
Draguignan, attaques de la prison de Chave
à Marseille et de la forteresse de Sisteron pour y
libérer des patriotes. En mai 1944, Louis Blésy, alias
« colonel Granville », contrôle totalement
les Alpes de Haute-Provence, où six
mille FFI sont enrégimentés. Bloqué à
Marseille pendant l'insurrection (23-27 août 1944), il dirige les
opérations de toute la région et organise le
ravitaillement de la population. Le 22 août, il prend la
tête d'un détachement pour déloger une section
ennemie solidement retranchée. Il met les FFI à la
disposition du général de Montsabert,
pour aider à la réduction des derniers îlots tenus
par les Allemands à Marseille.
Après la libération de la ville, Louis
Blésy-Granville demande en décembre 1944 son affectation
à la mission militaire de rapatriement des personnes
déplacées. Le 5ème
Bureau de la 1ère Armée Française le nomme chef de
mission de Rapatriement des ressortissants soviétiques pour le
Bade et le Wurtemberg. Cette mission terminée fin novembre 1945,
il est affecté à cette date au Cabinet du Ministre de
l'Armement. En décembre 1946, il est muté au Cabinet du
Ministre de la Défense Nationale.
Lieutenant-colonel FFI à la fin de la guerre, il est
intégré dans l'armée active, avec le grade de
capitaine, jusqu'en 1956 où il sert successivement comme
commandant de compagnie au 32ème
Bataillon d'Infanterie et au 152ème Régiment d'Infanterie
cantonné à Colmar.
Après avoir quitté l'armée, Louis Blesy-Granville dirigea la Maison des Enfants de
Fusillés et Victimes de Guerre à la Villette-aux-Aulnes
en Seine-et-Marne. Pendant 15 ans, avec Françoise, il assura
cette nouvelle mission. Tous les enfants de l'époque -
quelques-uns d'entre eux travaillent à
« l'Humanité » - conservent de Louis le
souvenir d'un homme de cœur, de générosité, de
loyauté. Tous ses camarades de combat, ses amis notamment de
Sevran où il habitait, ses anciens
« enfants » de La Villette sont aujourd'hui dans
la peine.
José Fort
Louis Blezy était Commandeur de la
Légion d'Honneur,
Compagnon de la
Libération, Croix de Guerre 39/45,
Médaillé de
la Résistance, Médaillé des Evadés et Croix
du Combattant Volontaire de la Résistance.
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