Marcel Langer, Officier des Brigades Internationales. 

UNE VIE

Marcel (Mendel) Langer est le représentant exemplaire de ces combattants qui ont consacré «une vie» à la défense des libertés menacées par le fascisme.

Il est né en Pologne le 13 mai 1903, à Szezucin, dans une modeste famille juive. À Tartow, où ses parents se fixent, sa jeunesse est marquée par les persécutions antisémites. Elles poussent son père, qui milite au Bund, parti socialiste juif, à émigrer en Palestine. Le frère aine de Marcel Langer y devient un militant actif du mouvement sionniste. Quant à lui, il entre au Parti communiste palestinien. Après avoir été arrêté et emprisonné par les Britanniques, il part pour la France, s'installe à Paris puis, en 1931, à Toulouse où il travaille comme fraiseur-ajusteur.

Dans la région de Toulouse, il entre en contact avec la colonie polonaise, constituée depuis 1920 par les travailleurs immigrés recrutés par le patronat pour combler le déficit de la main-d'œuvre, comme dans bien d'autres régions industrielles. Militant communiste, il va adhérer à une section de la MOI, organisation créée au sein de la Confédération Générale du Travail (CGTU) pour regrouper les travailleurs étrangers.

En 1936, il s'engage dans les Brigades Internationales qui vont se battre en Espagne aux côtés de la République. Il combat d'abord dans la brigade polonaise. Il est ensuite, après un passage au Quartier général d'Albacète, affecté à la 35e Division de mitrailleurs où il deviendra lieutenant. Il épouse une espagnole, Cecilia Molina, mais la défaite des Républicains espagnols le séparera de sa femme et de sa petite fille.

Interné au camp d'Argelès (France), puis de Gurs, il s'évade et rejoint Toulouse.

Il est embauché aux Ateliers de Construction mécanique du Midi et reprend contact avec ses anciens camarades de la M.O.l. devenus illégaux. Pour lui, la lutte anti-fasciste continue, et il passe dans la clandestinité pour échapper à la police. Après l'occupation de la zone sud par l'armée allemande le 11 Novembre 1942,  la M.O.l. se transforme en mouvement de résistance militaire. Marcel Langer devient le premier dirigeant de la 35e Brigade, formée dans la région de Toulouse, et qui doit son nom au souvenir de la 35e Division de mitrailleurs des Brigades Internationales à laquelle il appartint.

Le 5 février 1943, il est arrêté à la gare St-Agne, à Toulouse, porteur d'une valise remplie d'explosifs. Malgré la torture, il né donnera aucun renseignement à la police sur l'origine et la destination de ces explosifs. Le 21 mars 1943,  sur réquisitoire de l'avocat-général Lespinasse, Marcel Langer est condamné à mort par la Section Spéciale de la Cour d'Appel de Toulouse.

Il est guillotiné le 23 juillet 1943, dans la prison St Michel, au petit jour, à 5 h 40.

Marcel Langer meurt avec un courage exemplaire, perceptible dans la sécheresse même du procès-verbal d'exécution : «... en sortant de sa cellule, il s'est écrié : Vive la France, à bas les Boches, Vive le Parti communiste !» Il a refusé le secours de la religion. »

Le 10 octobre 1943,11 avocat-général Lespinasse était exécuté. Langer était vengé et ses camarades, s'ils devaient un jour paraître devant la justice vichyste, être ainsi mieux protégés. La 35e Brigade devint la Brigade Marcel Langer, pour lui rendre hommage et justice, mais aussi pour bien marquer que sa volonté de lutter contre le fascisme et de l'abattre était l'expression même et l'âme du groupe qu'il avait, un temps si court, animé.

Rolande Trempé Agrégée d'Histoire Université d'Histoire Le Mirail, Toulouse.